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« Sarah... » De mes airs de petite fille je regardais mon père qui s'était accroupi près de moi. Mon petit frère dormait à l'étage et moi je jouais avec mes poupées tranquillement dans le salon en attendant le retour de maman. Mon père avait cet air grave que je ne connaissais pas. On disait souvent, que les enfants ne comprenaient rien à ce que disaient les adultes, c'était faux. Du haut de mes quatre ans j'étais très maligne, et comprenais facilement ce que mes parents disaient. « Maman … elle ne reviendra pas. » Ca par contre, je ne compris pas de suite, je me remise à jouer avec mes poupées qui s'appelaient respectivement Tracy et Stella puis je les lâcha quand je vis mon père pleurer. J'allais dans ses bras pour lui faire un énorme câlin comme j'avais l'habitude de faire. « Pourquoi? » Je n'avais pas pu m'empêcher de lui poser la question. Quand un parent disait cette phrase à ses enfants c'était souvent parce que l'autre parent venait de mourir. Ce ne fut pas le cas. Mon père m'expliqua qu'elle avait trouvé un bonheur ailleurs et qu'elle était partie le vivre en nous laissant tout les trois ici. Je ne compris pas, maman n'était donc pas heureuse avec nous? Avais-je fait quelque chose de mal? Je l'ignorais, mais une chose est sure, tout allait se compliquer dans les années à venir.

« Tu ne peux pas venir ici et prendre les enfants! » J'avais six ans, mon petit frère, deux. J'étais assez grande pour comprendre ce que ma mère voulait faire. Elle avait changer ses cheveux bruns corbeaux que j'aimais tant pour un blond platine vulgaire. Elle s'était aussi refaire faire des bouts de son visage. Moche. Pire qu'une poupée barbie, je détestais. Rapidement je lui donnais un coup de pied dans les tibias pour qu'elle me lâche et je m'enfuis dans les jambes de mon père. Hors de question que je quitte mon père adoré, il avait travaillé deux fois plus pour nous offrir une vie meilleure depuis le départ de maman. Deux ans qu'elle n'avait pas donné signe de vie et voilà qu'elle voulait jouer à la famille parfaite. « Ce sont mes enfants aussi! » « Tu n'as pas le droit de vouloir les prendre! J'ai obtenu la garde définitive comme tu as lâche ton rôle de mère! Garce! » Je fis d'énorme yeux ronds, jamais je n'avais vu mon père dans une colère aussi rouge. Garce. Ce mot me fit rire et je pouffais derrière les jambes de mon père. Quand je vis le regard que ma mère posa sur moi je me crispa. Froid, glacial. « Un jour ils vont venir vivre avec moi! » « Je ne crois pas. Je ferais tout pour qu'ils vivent loin de toi et de tes injections de botox! » Le mot ne lui avait sans doute pas plu, elle parti, nous laissant. Ce fut la dernière fois que je la vis, deux mois plus tard elle perdit la vie avec son nouveau mari dans un accident d'avion. Mon père n'en parla jamais, ils nous aimait et nous préservait.

C'est incroyable comment cette ville m'avait manqué. Quelques années pour faire mes études d'infirmière dans une ville à côté mais j'avais eu rare l'occasion de revenir. Quelques week-end sans plus. Je posa mes valises dans ma chambre qui avait toujours eu ce papier peint rose horrible. La petite fille que j'étais en étant petite m'écœurait à présent. Je rejoignis mon petit frère qui prit directement sa veste. « Tu pars? » « Déjà de retour et déjà des questions! » « Avoue que je t'ai manqué Drew. » Andrew c'était le petit frère dont tout le monde rêvait bien que très mystérieux on était particulièrement proche. Il me prit dans ses bras avant de déposer un baiser sur le front. « Bien sur que oui. Tu ferais mieux d'aller voir Matthew, je suis sur qu'il t'a énormément manqué lui aussi. » Mes joues rosirent rapidement et mon frère en ria de bon cœur. Oui, il m'avait manqué à un point que je n'osais imaginer, je m'étais même mise à me poser des questions. Vêtue d'une dès plus jolies robes de ma penderie, je sortis pour aller rendre visite à mon meilleur ami. Pour une fois, j'avais le coeur qui battait à la chamade et je m'en surpris moi-même. Quand je sonnais chez lui et qu'il m'ouvrit la porte je fis des yeux ronds. « Bon dieu tu es devenu monsieur muscle ! » C'était ma première phrase et cela le fit rire. Je me dirigea de suite dans ses bras. Bon sang, qu'est ce qu'il m'avait manqué. J'allais enfin pouvoir passer du temps avec lui. Le soir même, je ne sais pas ce qui s'est passé dans nos deux têtes respectives, mais nous avons échangé notre premier baiser et j'avoue qu'au plus profond de moi je l'avais désiré. Un baiser qui en disait long et surtout ce n'était pas le dernier.

Un an et demi de mariage. Déjà. Je ne voyais pas le temps passé à ses côtés, je me sentais tellement sereine. Chaque jour était un parfait bonheur. Un matin je suis descendue et je vis Matthew en train de petit-déjeuner tranquillement. Un grand sourire aux lèvres, je me mis derrière lui avant de passer mes bras autour de son cou et de lui donner un tendre baiser sur la joue en murmurant: « Je t'aime. » J'aimais le lui dire, j'aimais le voir sourire comme ce matin là. Je m'assis rapidement sur ses genoux avant de prendre son croissant qu'il mangeait et de le croquer, puis de le poser sur la table. « J'ai quelque chose à te dire. » « J'espère que tu as une bonne excuse d'avoir croquer dans mon croissant parce que je meurs littéralement de faim. » « Et si je te dis, qu'on va bientôt être trois? » Je vis alors son sourire s'élargir. On allait avoir un bébé, nous deux On allait fonder une famille et on aurait un petit bambin qui allait galoper partout. Il m'embrassa et je savourais ce baiser avant de sourire à mon tour. Il me dit alors: « Je t'aime. » J'étais heureuse. Heureuse d'être avec lui. Hélas, le bonheur fut de courte durée.
Un matin, alors que j'étais à trois mois de grossesse je me sentis mal. Des douleurs me prirent au ventre et je n'arrivais plus à bouger sans que je manque de tomber. Panique. En étant infirmière, je savais ce que cela signifiait. Quelques journées par ci par là, je travaillais à l'hôpital et j'avais vu plusieurs fois des cas de jeunes femmes en proie de ces douleurs qui signifiait une fausse couche. Le verdict du médecin était sans appel : fausse couche. Je sentis le monde s'effondrer autour de moi. Nous sommes rentrés à la maison avec Matthew et j'étais murée dans le silence. Depuis quelques semaines il veut qu'on recommence. Je ne veux pas. Je ne veux pas reperdre un bébé, il est hors de question. De plus, j'ai fait une énorme bêtise et je ne sais plus du tout où j'en suis.

« C'était une bêtise. » Mon collègue, et ami, Roman remettait sa chemise. J'avais trompé Matthew. J'étais un être misérable, et horrible. Mes mains en tremblaient, je ne savais même pas si j'aurais le courage de regarder mon époux en face à présent. Il m'avait soutenu depuis l'épreuve de la fausse couche, il avait toujours été adorable et moi... Moi je le trompais. Roman s'approcha de moi et remis mes mèches blondes derrière mon oreille. « Tu sais Sarah, je t'ai toujours aimé moi.» Je le repoussa d'un coup. « Oh lâche moi tu veux! C'était une bêtise, j'aime mon époux. » « Alors pourquoi on a couché ensemble? » « La ferme Roman! » Je remis ma blouse blanche avant de sortir de son bureau. J'avais les joues rosées, j'avais réellement honte. Je n'eus même pas le temps de me remettre de ce qui c'était passé que je vis mon petit frère s'approcher de moi. « Drew! Qu'est ce que tu fais là? Tu as un problème ? Ca va? » « Et toi? » « Hein? » « Sarah! Tu ne réponds pas au téléphone, Matthew nous dit que tu es un véritable zombie, que tu ne parles pratiquement plus et que tu refuses de retenter. » « Oh non tu ne vas pas t'y mettre! » La honte avait laissé place à la colère. Voilà que mon père et mon petit frère s'y mettait. Je ne voulais pas recommencer. Je ne voulais pas reperdre un enfant. Un seul était suffisant. « Sarah... » « Non! Ecoute, je veux qu'on me laisse tranquille, j'en ai marre que l'on réfléchisse pour moi! Laissez-moi! » J'avais tellement hurlé que tout le monde nous regardait. Ma gorge se serra, et je partis de l'hôpital. Tant pis je n'en pouvais plus de cette atmosphère oppressante.
En rentrant le soir même, je ne dina pas, j'ignorai Matthew. A croire que finalement notre amour était en train de faillir...