3:31 pm. Aucun bruit. Il ne semble y avoir personne dans l'appartement. Comme toujours. J'ôte mon masque de nuit de mes yeux puis fini par me tourner. Je sursaute. « Putain mais t'es con ! » Il était là, assis sur une chaise, un sourire béat aux lèvres, attendant vraisemblablement que je me réveille. « Bah dis-donc frangine... T'auras pas besoin de masque cette année encore toi... » Il est jamais là. Sur 366 jours, il a fallut que ça soit celui d'Halloween pour, comme chaque année, me sortir la même plaisanterie. « On peut savoir ce que tu fous là? On sait pas trop si t'habites encore ici ou non... C'est pas l'hôtel, ici. » Un sourire me surprend à se dessiner aux coins de mes lèvres. En réalité, je suis bien heureuse de le voir ici. « Allez, lèves-toi. On a encore des tonnes de choses à faire. » Je fronce les sourcils. « Ce soir, la soirée... Allô, Constance, réveilles-toi. » J'en conclue donc qu'il sera là, à mes côtés, comme il ne l'a pas été depuis des lustres. Il m'embrasse sur le front et se lève sans se retourner, se dirigeant vers ma porte. « Tu m'as manqué toi aussi. » Je lui balance un oreiller sur la tête. « Toi aussi? » Enfoiré... Qu'est-ce qu'il a pu me manquer.

9:30 pm.
Toutes les personnes ayant été conviées ce soir sont toutes là, ou presque. En attendant les derniers, nous sommes là, assis sur ces feuilles d'autonme dont on ne différencie pas les couleurs à défaut d'être en journée. La soirée s'annonce bien, il ne pleut pas. Seulement un peu de vent. Une clope coincée entre les lèvres, je tapotte sur les poches de mon jean à la recherche de mon briquet. Sans résultats. Je me lève donc en direction des sacs de chacun posés au pied de cet arbre. J'aperçois le mien tout au fond, caché en dessous des autres. Une fois le briquet en main et maladroite comme je suis, je le fais tomber parmi une tonne de feuilles mortes. J'éclaire le sol à l'aide de mon portable, qui apparemment, ne capte pas. A mes pieds, un petit camescope qui à première vue semble totalement détérioré. Il ne veut pas s'allumer. La batterie y est encore, ainsi que la carte SD. Je rejoins les autres, l'appareil entre les mains. « Clément, tu peux me passer ton camescope s'il te plaît? J'ai trouvé ça là-bas, à côté des sacs. Y a une carte SD, ça nous en fait une de plus. Peut-être qu'elle marche encore. » Il me tend son camescope, je l'allume et y insère la carte mémoire trouvée. « Tu vois, toi qui trouvait ça con de filmer ce qu'il va éventuellement se passer ce soir... J'ai bien fait de...» « Chut, ça marche! C'est filmé dans le noir, genre les gens ils sont verts t'sais? » Un rire m'échappe, je me concentre sur la vidéo. « T'as entendu? Putain... » Un long cri de femme se fait entendre en fond. « Julie...? T'es où ? On y voit rien ici, fait chier. Julie? » L'image n'arrête pas de bouger, il est difficile de constater ce qui est en train d'être filmé. De rapides respirations d'angoisse, l'image devient soudainement noire. Un long silence. Le camescope tombe à terre. Des cris, des pleurs. Le camescope toujours à terre, on aperçoit à l'écran une petite fille habillée d'une robe blanche. L'image se crypte. L'air terrorisée comme le reste des personnes ayant regardés la vidéo, Clément me tape dans le dos certainement dans l'espoir de me faire sursauter. « Vous allez quand même pas y croire, c'est des conneries, c'est des jeunes qui ont voulu faire un film d'horreur amateur, c'est tout. » Je ne réagis pas. Je sens mon coeur battre contre ma propre poitrine. « Fais pas cette tête de Vazelhes, j'suis là moi ! » Sans lui adresser un mot, je lui rends son camescope. « Bon, on y va? » « Ah bah enfin! Je commençais à être légèrement en manque... » Une lampe torche est distribuée à chaque personne. Clément reprend la parole. « Tout le monde est là? Je vous explique. De la coke, des ecsta, des joints, des clopes et des flasques d'alcool sont éparpillés un peu partout dans la forêt. A minuit, tout le monde devra revenir ici, à cet emplacement même. Celui qui aura ramené le plus de choses gagnera le droit de dormir dans cette cabane aménagée par nos soins. Les autres dormiront dehors, par terre. Faites attention avec vos lampes-torches. Sachez les utiliser aux moments où vous en aurez le plus besoin. Soyez malins. Prêts? C'est parti. »