Lorsque je me rends dans de tels endroits, j'en oublie la réalité de la vie. Loin de la ville, je m'y sentais bien. Il me semblait être dans un refuge, un moment de répit. Vous savez, ce sont ces endroits où tout semble s'arrêter autour de vous. Tout était calme, silencieux même. Le moindre bruit de feuilles, de branches se serait fait remarquer. La couleur fauve des falaises me réchauffait. Il faisait bon d'être à Armagh. Cette ville était unique en son genre déjà grâce à cette possibilité de sortir du centre ville, de se retrouver en tête à tête avec soi même. Rien que soi, la conscience, la réflexion et l'imagination. Personne d'autre.
"Wouf !"
Enfin si, certains êtres peuvent nous accompagner dans cette quête de la solitude, mais uniquement si ils savent garder tout pour eux. En l'occurrence, je crois qu'Havane pouvait garder des secrets. Il me regardait, la tête penchée sur la gauche, laissant son oreille gauche pendre. Assis sur l'herbe, il se demandait ce que nous faisions ici. D'habitude, nous nous promenions sans nous arrêter. Aujourd'hui, j'avais décider de rallonger la promenade. Le vent s'engouffrant dans ses oreilles, il avait l'air assez bête, ce qui me fit sourire. Je l'appelai et il se rapprocha de moi très vite. Il s'assied à mes côtés et attendit patiemment, comme si lui aussi comtemplait le paysage. Je lui grattai le sommet du crâne. Nerveux, je sortis une cigarette pour me détendre. Des angoisses revenaient de temps en temps depuis ma cure de désintoxication, ce qui explique mon addiction à la nicotine. Je l'allumai tant bien que mal à cause du vent qui soufflait. Une étrange pensée parcourut mon esprit. Si je hurlais à pleins poumons, est-ce que cela résonnerait? Est-ce que quelqu'un m'entendrait ? Je n'essayai pas. Au loin, la ligne d'horizon se fondait avec la surface de la mer. Quel magnifique tableau nous avions devant nous. La brise faisait virevolter mes cheveux. C'est en bougeant légèrement ma tête pour remettre quelques mèches en place que j'aperçus ce qui m'entourait: une plaine verte. J'avais dû la traversée machinalement, sans vraiment m'attarder sur certains détails. Pas une personne à l'horizon, pas un bâtiment. Je ne pouvais l'affirmer à cause de la hauteur de certaines herbes mais au premier plan, tout semblait désert. Je m'allongeai dans l'herbe douce et sentit son contact sur mon visage. J'entendis un bruit de feuilles et remarquai que Havane venait lui aussi de s'allonger. Que ferais-je sans lui? Il était tellement génial et me remontait souvent le moral. Je fermai les paupières, toujours en fumant ma cigarette. Je ne demeurai pas longtemps dans cette position. Je me redressai aussitôt. Une image venait de m'apparaitre. Son image. Décidément, cela allait me hanter toute ma vie. Qu'était-elle devenue ? Je ne voulais pas savoir, elle devait être morte. Si j'avais pu faire quelque chose pour enfin ne plus rêver de cette même situation où elle se trouvait en danger et moi je fuyais comme un trouillard.Au fond c'était peut être ce que j'étais : un trouillard. J'entendis le vague son des reflux de l'eau. Surement ce bruit était il transporté par le vent qui soufflait assez fort.